Antithèse ! Nada n’aurait pas pu trouver meilleur titre pour synthétiser la démarche artistique qui caractérise ce clip.
On y retrouve toutes les composantes musicales et visuelles habituelles d’un milieu du rap bien spécifique que certains nommeraient « rap game ».
Mais ici tous ces codes sont détournés.
A l’occasion de nombreux clins d’œil, la voiture luxueuse et la kalachnikov présentes dans le clip « Zoo » de Kaaris se changent en Peugeot 206 et en rose.
L’appartement dont SCH est propriétaire dans « champs Élysées » se change en HLM au détour d’une rime, et de la même manière lors de ces passages où l’instrumental change on apprend comment faire un flop en opposition à la recette de tube que propose Damso dans sa chanson « Comment faire un tube ».
« Sauvage », le fameux cri de guerre bien connu de Kalash Criminel y est aussi samplé mais est cette fois-ci restitué en tant que nom de famille de Jacqueline (Jacqueline Sauvage).
La cagoule de braqueur se change en cagoule de Zapatiste révolutionnaire.
Enfin, ce n’est plus la moto cross qu’on nous invite à lever en « Y » mais bien le poing!
Le paroxysme de cette démarche de renversement symbolique est sans doute incarné par le parti pris de Nada de s’être travesti lors de tous ses play-backs afin de marquer une opposition aux nombreuses postures virilistes exacerbées dans l’univers de ce fameux « rap game ».
Vous l’aurez sans doute compris, cette œuvre se veut porteuse d’un discours aux antipodes de la doxa rapologique.
Nada y scande d’ailleurs ses convictions, « communiste, autonome et libertaire », comme pour galvaniser celles et ceux qui se reconnaîtraient dans son discours.
Le clip est rythmé par ailleurs par de nombreuses images d’insert nous contant de petites histoires faisant écho à son propos.
Ainsi on peut suivre la partie de Monopoly d’un groupe de jeunes en bas d’une cité HLM qui dégénère en bagarre. Symptôme d’une jeunesse livrée à elle-même dans la jungle libérale et qui, dans un mélange de désespoir et de fascination est prête à déployer plus de forces à s’entre-tuer qu’à changer les règles du jeu.
Un peut plus tard intervient une jeune femme qui boxe face caméra avec un ennemi invisible qu’elle parvient finalement à terrasser.
La fin du clip laisse à penser que cet ennemi invisible est sans doute la personnification du tant décrié « rap game », car on retrouve son inscription sur une tombe en fin de clip.
L’homme à la cagoule présent au début refait son apparition, s’approche de la tombe entouré de quatre silhouettes (peut être ceux qui jouaient précédemment au Monopoly?) et, comme pour narguer, y dépose sa rose.
Cette rose n’était donc pas un appel à la paix niais, mais plutôt une invitation à enterrer nombre d’idéaux réactionnaires gangrénant cette contre-culture qu’est le rap.

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